
Amazon vient de lancer un nouveau service dédié aux écrivains et éditeurs d’ebooks qui publient leurs ouvrages numériques sur le service Kindle Direct Publishing (KDP) : la traduction automatique de livres ou « Kindle Translate ».
Ce service permet aux auteurs qui publient en anglais de traduire automatiquement, via un logiciel d’intelligence artificielle, en espagnol et vice versa. Il est également possible de traduire de l’allemand vers l’anglais.
Le service est accessible aux auteurs et vient résoudre le problème des coûts de traduction. En effet, faire appel à un traducteur professionnel peut être onéreux, surtout pour un auteur indépendant qui publie directement ses ouvrages sur KDP.
Kindle Translate fonctionne assez simplement : vous soumettez votre livre sur KDP et vous demandez une traduction. Vous devrez attendre environ 72 heures et vous obtenez une version de votre livre dans la nouvelle langue. Le nouveau livre peut ensuite être revu ou directement publié. L’auteur peut ensuite choisir le prix du livre et les options de publications comme n’importe quel ebook publié sur la plateforme d’Amazon et les gens peuvent l’acheter sur le site d’Amazon ou directement depuis la librairie de leur liseuse Kindle. Il est même possible de publier les livres sur le service d’abonnement Kindle ou dans KDP Select (pour une meilleure exposition de l’ebook sur Amazon).

La grande force d’Amazon c’est qu’ils rendent ce service totalement gratuit. Vous n’avez donc rien à payer pour bénéficier de la traduction par IA de vos livres.
Cependant, il y a quelques points qui interrogent et qui méritent notre attention.
Tout d’abord, le Français n’est pas pris en charge.
Ensuite, on peut s’interroger légitimement sur la qualité de la traduction. D’après Amazon, les livres traduits par IA sont vérifiés afin de s’assurer que la traduction est correcte. Mais, on ne sait pas vraiment comment ce processus de vérification est mis en place et s’il est manuel, réalisé par des humains ou non.
Aussi, et c’est un point délicat pour Amazon, l’entreprise ne communique pas sur l’intelligence artificielle utilisée. Est-ce qu’il s’agit d’un outil fourni par un tiers comme Deepl ou Open AI ou est-ce que Amazon a développé sa propre intelligence artificielle ?
Ce point est très important parce que cela va exercer une influence sur la qualité de la traduction mais aussi sur la légalité de cette traduction.
Parce qu’il est important de connaître comment l’IA a apprit la traduction. Aujourd’hui le moyen le plus efficace d’apprendre à une IA comment traduire est de lui « faire lire » de nombreux livres dans une langue, puis leur traduction dans une autre langue. On parle ici de dizaines de milliers de livres traduits, peut être de centaines de milliers de livres ! Or ces livres sont le fruit du travail d’auteurs et traducteurs.
Donc, si Amazon utilise le travail d’auteurs et de traducteurs, ils pourraient s’exposer à un souci juridique si cela vient à être prouvé.
D’après ce que j’ai compris, Amazon pourrait utiliser son propre service de traduction IA disponible aux développeurs via leur service AWS (Amazon Web Services).
Outre ces points particuliers et à éclaircir, Amazon propose sans doute un aperçu de ce que le futur de la lecture numérique nous réserve. On peut facilement imaginer que ce qui prend 72 heures aujourd’hui ne prendra que quelques minutes dans 5 ans. Rien n’empêche que les liseuses intègrent un système de traduction des livres automatiques dans le futur (aujourd’hui la traduction est compliquée comme j’ai pu l’observer dans cet article).

