Un livre auto-édité sur Amazon et sélectionné pour le prix Renaudot scandalise la profession

bande de françaisLe dernier livre de Marco Koskas, Bande de Français, a été sélectionné pour le prix Renaudot. En soi, c’est une bonne nouvelle pour l’auteur, mais pas du tout pour les libraires.

J’ai longtemps hésité à parler de cette affaire, car je ne pensais pas qu’elle ferait couler autant d’encre.

Après tout, ce n’est pas la première fois qu’un livre auto-édité fait parler de lui.

J’ai même mentionné à plusieurs reprises le dernier ouvrage de JM Aphatie lui aussi édité uniquement par Amazon.

Mais cette fois, on atteint le ridicule.

Donc, l’auteur Marco Koskas a publié un nouveau livre et a choisi de le sortir en indépendant en utilisant la plate-forme de publication Amazon Kindle Publishing. Bref, Bande de Français est un livre auto-édité comme des milliers d’autres qui sortent chaque année.

Le problème c’est qu’il semble qu’il s’agisse d’un bon livre.

N’ayant pas lu le livre je ne peux pas le juger, mais il a été sélectionné dans la liste des ouvrages susceptibles de remporter le prestigieux prix Renaudot.

Tout ceci agace réellement de nombreuses personnes et institutions comme Le Syndicat de la librairie française qui trouve que cette sélection « rend un bien mauvais service à l’auteur lui-même, aux libraires et donne un signal inquiétant pour l’avenir de la création et de la diffusion du livre ».

Et oui, un bon livre accessible à tous sur Internet – y compris de l’autre bout du monde ou téléchargeable depuis un avion ou un train, c’est un mauvais signal pour l’avenir de la diffusion du livre ?

Le réel problème est une banale histoire de gros sous.

Car les librairies ne peuvent pas vendre ce livre qui est une exclusivité Amazon.

On assiste donc à un acharnement de la profession qui, en sous-texte, menace les responsables de boycotter des prix comme le Renaudot (mais on peut penser que tous les autres sont en ligne de mire).

Dans ce cas de figure, la pression des libraires via leur syndicat me semble discutable dans la mesure où elle suggère qu’il y a deux catégories de livres : ceux sélectionnable et ceux qui ne le sont pas.

Cela me semble dangereux de classer ainsi les œuvres uniquement par leur mode de distribution.

Les livres auto-édités seraient alors des « sous-livres ».

Je souhaite donc féliciter les gens du prix Renaudot pour avoir su ne pas tenir compte de cette forme de discrimination.

Car, rappelons-le, un auteur ne choisit pas toujours d’être auto-édité…

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4 thoughts on “Un livre auto-édité sur Amazon et sélectionné pour le prix Renaudot scandalise la profession

  1. Le , LordPhoenix a dit :

    Bonjour,
    Je suis plus ou moins d’accord avec toi sur l’idée que les libraires se foutent de la gueule du monde dans cette histoire mais selon moi elle n’en soulève pas moins quelques questions.
    Certes il n’y a pas de raisons de considérer un livre auto-édité différemment d’un autre je te rejoins totalement la-dessus mais ce qui me gène ce sont les livres auto-édité via Amazon dans un contexte de domination outrageuse de cette plate-forme.
    Contrairement à ce que tu dis un livre diffusé via Amazon n’est pas disponible ou téléchargeable partout dans le monde puisque Amazon étant le canal de diffusion unique il n’est disponible que la où Amazon le veut bien voire ou il le peut. Les monopoles en matières de diffusion de la culture personnellement ça n’est pas vraiment le genres de chose que je trouve enthousiasmantes.
    De plus dans de cas particulier de ce livre il n’est même pas téléchargeable puisqu’il n’y a pas de version numérique or l’existence de cette version est une décision qui ne dépend que de la volonté d’Amazon. De plus même s’il l’était il ne serait disponible que pour les utilisateurs de Kindle ce qui n’est pas sans poser des problèmes vu les DRM utilisés et l’enfermement des clients que ça implique. Enfermement tout aussi valable par ailleurs pour les auteurs, si tu publies en numérique sur Amazon tu te coupes de tout ceux qui n’utilisent pas leurs services. Je comprends bien que le service Amazon est diablement intéressant mais c’est aussi un piège pour eux et si on réfléchit sur le long termes est-ce que ça n’est pas tout aussi préjudiciable aussi bien pour le public que pour les auteurs? C’est comme si on se réjouissait de voir un livre disponible uniquement dans les FNAC par exemple et pas ailleurs, c’est marrant je suis persuadé que les réactions dans ce cas seraient toutes autres.

    D’autre part, et de manière plus générale, même si on peut se réjouir de voir un livre auto-édité sélectionné pour un prix littéraire (ce qui déjà sous-entend qu’on veuille bien leur accorder l’importance à laquelle ils prétendent mais ça c’est un autre débat) il faut quand même remarquer que l’auteur en question n’est pas non plus un auteur totalement inconnu des circuits de l’édition classique. Quel que soit le mode d’édition de son dernier livre quelque part il reste «du sérail». Je me réjouirais vraiment de cela quand on verra apparaître des auteurs dans les concours qui auront vraiment fait leurs parcours dans l’auto-édition. Ce jour la vraiment cela aura un vrai sens en tant qu’opportunité pour tout les auteurs qui ont le malheur de passer sous les radars (limités et formatés) des maisons d’édition.

    • Le , Nicolas a dit :

      Merci pour cet avis qui nuance le mien.
      Je suis d’accord sur de nombreux points – presque tous – à une exception.

      Tout le modèle économique français autour du livre est organisé comme un cartel avec une entente sur les prix au détriment du consommateur / lecteur qui paie toujours le prix fort.

      Donc, à mon sens, si on se fait avoir c’est pas par Amazon…

      Sinon, à voir, mais c’est effectivement possible que Amazon ne livre pas ce roman à l’étranger. J’avoue m’être un peu emballé à ce sujet :)

    • Le , Frédéric a dit :

      Je ne lis que sur Kobo. Donc à part « pirater » un livre que j’aurais payé sur Amazon, je ne pourrai pas le lire. Devoir pirater un livre acheté légalement pour le lire, on atteint un point de rupture que j’appelle le point Kafka: quand la technologie devient un frein technologique.

      Un livre, ça se cache. Un livre ça se dissimule. J’ai toujours en tête ces bibles miniatures traduites en français, hérétiques, que les huguenotes cachaient dans leur chignon. Un livre, c’est universellement accessible, même en format miniature, caché dans un chignon. Raison pour laquelle je me bats contre les DRM. En n’offrant qu’une version numérique et verrouillée d’un livre, on en revient à la Bible en latin, donc le contenu n’est accessible qu’à une caste d’érudits privilégiés. Pour moi, ce n’est plus un livre, mais une marchandise.

      • Le , Nicolas a dit :

        Merci pour votre commentaire.

        Personnellement, j’ai toujours défendu sur ce site une ligne simple : le livre c’est son contenu et pas la forme ou les feuilles de papier.

        Pour moi (et cela ne concerne que moi), c’est ainsi que je consomme un livre : sur papier, smartphone, liseuse, tablette navigateur, peu importe. L’important c’est le contenu et pas le contenant.

        Maintenant pour répondre à votre question, je vous invite à consulter cet article pour rendre compatible les ebooks Kobo et Kindle : https://www.liseuses.net/rendre-compatible-un-ebook-kindle-et-kobo/

        Sinon, je suis évidemment 100% d’accord avec vous concernant le DRM ;)

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