Editeurs : et si vous baissiez le prix des ebooks ?

livre et lunettesUne fois de plus, ce billet a pour sujet le prix des livres numériques. Toujours trop élevés les ebooks ne se vendent pas très bien. Ce n’est pas une nouveauté ! Ce qui est nouveau c’est que la tendance commence à sérieusement s’inverser aux USA et ailleurs dans le monde…

Les éditeurs américains ont compris quelque chose : un livre numérique trop cher se vend mal et se retrouve en concurrence avec d’autres livres moins chers, voir même gratuits !

Une baisse du prix des ebooks aux USA

fete-mere-liseuseTout a commencé par l’arrivé du Kindle et des autres liseuses de livres électroniques aux USA. Rapidement, de nombreux lecteurs ont acheté une liseuse et des ebooks. La séduction opérait bien : le prix de la version numérique était plus faible (normal les coûts de distribution sont moins important) et on pouvait donc acheter plus de livres !

L’amateur de roman a particulièrement été convaincu et les ventes ont explosé dans les années qui suivirent.

On remarque que ce qui s’est passé pour la musique a aussi frappé le monde de l’édition : ce sont des entreprises qui n’ont rien à voir avec les éditeurs qui ont pris le contrôle de la distribution des ebooks (Amazon, Kobo, Apple, ComiXology, etc.).

Mais, nous voilà en 2015… Les éditeurs se disent qu’il serait intéressant de tirer un profit plus important des ventes de livres numériques et décident d’augmenter leurs prix.

Lorsqu’on fait les comptes à la fin de l’année 2015, on s’aperçoit que les ventes ont chuté de façon assez impressionnante (lire ici pour la baisse de 11%).

Réparer cela avant de casser le marché

Les ventes ont baissé et les gens se sont remis à acheter des livres papiers à la place des ebooks.

Pour les éditeurs, auteurs et libraires, ce n’est pas une mauvaise chose : les livres se vendent toujours. Mais pour le lecteur cela signifie surtout payer plus cher pour lire.

Seulement, l’industrie n’avait pas prévu l’émergence des livres numérique auto-publiés. Ces auteurs indépendants peuvent maintenant utiliser les services d’Amazon, Kobo ou Apple pour publier leurs manuscrits sans avoir besoin des services d’un éditeur.

Et les lecteurs aiment ces livres : ils sont peu chers, sont attachants (de nombreuses séries à succès sont toujours en cours de publication) et leurs auteurs sont plus accessibles (site, réseaux sociaux, etc.).

Les éditeurs ont pratiquement organisé l’ascension de cette nouvelle industrie en augmentait le prix de leurs livres pour les réserver à ceux qui ont les moyens de mettre 20€ dans un livre alors que chez les indépendants, les livres sont 4 à 7 fois moins chers…

Il fallait donc réparer cette anomalie avant de finir par perdre trop de lecteurs amateurs d’ebooks.

Les éditeurs baissent les prix (presque) partout dans le monde

La réponse est arrivée très rapidement : le prix des ebooks a tendance à baisser un peu partout dans le monde.

D’après un récent billet de GoodEReader, les principaux éditeurs ont baissé nettement le prix des éditions numériques de leurs best-sellers.

  • Allemagne : 5,9% de baisse du prix moyen d’un ebook en un an
  • USA : le prix moyen d’un ebook est passé de $10.31 en janvier 2016 à $8.67 en avril 2016 (certains ebooks d’auteurs reconnus coûtent moins de $3 !)
  • Pays-Bas : 5% de baisse en un an
  • Brésil : 3% de baisse du prix en un an

baisse prix des ebooks

Forcer les éditeurs ?

Bien sûr, en France, ce n’est pas la même chose ! Et je trouve que le prix des livres numériques est scandaleusement élevé ! Et puisque les éditeurs ne sont pas capables de faire leur travail correctement, je me demande si on ne peut pas les forcer à être plus réaliste…

Cet avis n’engage que moi, mais lorsque je vais sur le site du Ministère de la Culture et de la Communication et que je lis cela :

Le ministère de la Culture et de la Communication a pour mission de rendre accessibles au plus grand nombre les œuvres capitales de l’humanité, et d’abord de la France.

Et qu’ensuite, je me rend chez un libraire en ligne pour acheter une œuvre numérique de Victor Hugo et que je tombe là dessus :

Les misérablesJe me dis que quelque chose cloche… Heureusement, il s’agit d’un texte libre de droits qu’on peut trouver gratuitement.

Mais, si on va chercher du côté d’Albert Camus que trouve-t-on ?

ebook albert camusVous lisez bien : le livre La Peste coûte plus cher au format Kindle !

Quand on sait que les adolescents ont presque tous un smartphone dans la poche capable de lire des ebooks. Ne serait-il pas judicieux de « rendre accessibles au plus grand nombre les œuvres capitales de l’humanité » ?

A vous…

Voilà, une fois de plus, je me révolte en début de semaine.

Je vois que chez nos amis étrangers il y a bien plus de logique et de combativité pour rendre les choses meilleures que chez nous en matière de lecture numérique.

Sommes-nous condamné à toujours être dernier en matière d’accès à la culture ?

Que pensez-vous de tout ceci ? Je suis curieux de lire vos commentaires…

Cet article peut contenir des liens affiliés vers les sites partenaires du site (Amazon, Fnac, Cultura, Boulanger, etc.) qui permettent aux auteurs du site de toucher une petite commission sur les ventes de ces sites sans coût supplémentaire pour vous.

Partager cette information sur les réseaux sociaux :
auteur du site liseuses.net

ℹ️ Contenu rédigé par Nicolas. Le site Liseuses.net existe depuis 2012 pour vous aider à naviguer dans le monde des liseuses (Kindle, Kobo, Bookeen, Vivlio, etc) et faire la promotion de la lecture (numérique ou non). Vous pouvez en savoir plus en lisant notre page a propos.

8 thoughts on “Editeurs : et si vous baissiez le prix des ebooks ?

  1. Le , claude arquin a dit :

    Entièrement d’accord avec vous Nicolas, c’est pas logique du tout cette démarche des éditeurs et le premier à en pâtir est le consommateur….

    • Le , Nicolas a dit :

      > Entièrement d’accord avec vous Nicolas, c’est pas logique du tout cette démarche des éditeurs et le premier à en pâtir est le consommateur….

      Oui, je pense que sur le long terme ils se tirent une balle dans le pieds.
      J’espère juste que les générations futures continueront d’acheter des livres papiers, sinon c’est toute l’industrie qui est mal barrée !

  2. Le , Victor a dit :

    Quel est le rapport entre le site du Ministère de la Culture qui a une vocation publique, et la politique commerciale d’une entreprise privée de l’édition ? Vous pointez une contradiction qui n’existe pas. Les textes clés de la littérature française et devenus libres de droits existent dans de multiples éditions numériques réalisées bénévolement (ÉFÉLÉ, BeQ…) ou professionnellement (Gallica) et proposées gratuitement. Qu’il existe des éditions payantes, parfois onéreuses, est souvent légitimé par la présence d’un travail éditorial qui lui n’est pas libre de droit. Au consommateur de choisir laquelle il préfère.

    Sur la page Amazon que vous pointez, le second produit de la liste est d’ailleurs une édition gratuite des Misérables.

    Sinon, je partage votre point de vue sur la situation française du livre électronique. Le prix n’est guère attractif pour un simple fichier, périssable, difficile à manier (DRM) ou qui flique le lecteur (tatouage), délicat ou impossible à prêter, invendable sur le marché de l’occasion. J’ai toujours la sinistre impression que les principaux acteurs de l’édition française ont délibérément placé des obstacles sur la route de l’édition électronique. Ce que je peux à la limite comprendre vus le risque du piratage et la menace d’une perte de valeur du marché, comme ce fut le cas avec la musique dématérialisée.

    En tous cas, l’évolution des ventes nord-américaines est parlante : après un début en fanfare (fin 2007), le livre électronique a connu un coup d’arrêt cinq ans (2012) à peine après l’arrivée de l’écosystème Kindle. C’est dire la fragilité de ce marché qui n’a rien de l’eldorado annoncé pour les acteurs de l’édition. Même si la baisse des prix devait faire repartir la machine, il est probable que la dynamique reste faible pour un marché qui devrait encore être considéré comme naissant et donc florissant.

    Le prix est au final un argument bien commode qui masque d’autres limites : celles liées à une attitude protectrice des éditeurs (DRM qui posent de nombreux problèmes et tatouages très peu éthiques) qui décourage les acheteurs potentiels, et celle d’un marché finalement assez minoritairement acquis à la dématérialisation du livre et donc plus réduit que celui espéré au départ.

    • Le , Nicolas a dit :

      > « Quel est le rapport entre le site du Ministère de la Culture qui a une vocation publique, et la politique commerciale d’une entreprise privée de l’édition ? »

      Les lois ont déjà forcé un prix unique sur le livre, pourquoi elles ne pourraient pas imposer un prix de l’ebook inférieur au livre papier ? On aime les lois en France et on en fait pour tout mais pas ce qui arrange les gens…

      > « Sur la page Amazon que vous pointez, le second produit de la liste est d’ailleurs une édition gratuite des Misérables. »

      Tout à fait c’est mentionné dans l’article. C’est pourquoi j’ai aussi ajouté un exemple avec Albert Camus.

      Sinon je vous rejoins sur le DRM, un vrai problème qui ennuie VRAIMENT les lecteurs. J’en fait la triste expérience chaque mois via des échanges emails avec des gens qui n’arrivent pas à ouvrir leur ebook pourtant acheter légalement…

      En tout cas merci pour votre commentaire Victor :-)

      • Le , Victor a dit :

        » Les lois ont déjà forcé un prix unique sur le livre, pourquoi elles ne
        » pourraient pas imposer un prix de l’ebook inférieur au livre papier ?
        » On aime les lois en France et on en fait pour tout mais pas ce qui
        » arrange les gens…

        Serait-ce réellement pertinent de mettre en place une telle loi ? Je me surprends moi-même à devenir l’apôtre de l’économie de marché, mais si des éditeurs prennent les acheteurs d’ebook pour des chèvres, celles-ci les sanctionneront aussi sûrement en allant vers le produit le plus pertinent. De toute manière, une immense majorité des livrels sont vendus à prix moindre que le l’exemplaire papier. Il existe des exceptions comme celle que vous venez de pointer avec Camus, on en trouve assez couramment lorsque sort la version poche du livre, et que le prix de l’édition numérique reste quelques temps collé à celui de l’édition originale. Le réel problème n’est pas dans ces occurences qui sont en effet ridicules, mais dans le maigre différentiel de prix entre une édition papier, matérielle, tangible, colorée, durable, avec parfois ses originalités typographiques ou éditoriales, et qui s’expose, se prête, s’annote, se vend… et une édition numérique extrêmement uniforme, immatérielle qui donne le sentiment de n’avoir acheté que du vent (et qui en effet se transformera en vent au bout de quelques années à peine). S’il fallait vraiment une action politique en faveur du livre électronique, ce serait là. Mais il y a eu des actions politiques, et elles ont plutôt été en défaveur du livrel (prix unique), sans doute pour protéger certains acteurs de l’édition traditionnelle et sans doute l’emploi. Vu le faible décollage du livrel en France (comparé aux US ou en Angleterre), on peut dire que cette action politique a réussi, une fois n’est pas coutume.

        Car le fond du problème n’est pas de savoir si le livrel et trop cher, mais de savoir qui, en dehors d’une partie des consommateurs et d’une poignée de constructeurs, souhaite que le livrel puisse s’imposer face à l’édition traditionnelle.

        Et merci pour votre réponse Nicolas (bravo à votre blog aussi)

  3. Le , eq a dit :

    Bonjour,

    Je pense que le problème est aussi lié au produit :

    – un film c’est de 700 Mo à 25 Go de vidéo, son et texte (sous titres)
    – une musique c’est de 3 à 15 Mo de son et texte (paroles)
    – un livre c’est de 250 à 800 Ko de texte

    => il faut vendre au kilo donc un prix de quelques cents pour un livre. ;)

    Et avec un bon livre on peut faire un bon film (avec une bonne musique) et plein de produits dérivés donc les écrivains peuvent toujours s’enrichir. Les lecteurs sont en fait les indicateurs à bas coût du potentiel commercial du livre. On devrait même les payer pour lire :)

  4. Le , ebolavir a dit :

    Pour l’édition des Misérables, et quantité d’autres vendus à des prix bizarres, il s’agit de la production de bricoleurs qui récupèrent le texte déjà en forme epub ou équivalent, sur un site de livres libres de droits (ebooksgratuits, gutenberg, wikisource etc.) et le rhabillent avec une couverture, quelquefois un texte complémentaire, avant de le vendre avec le service KDP d’Amazon. Regardez « Histoire d’un voyage faict en la terre de Brésil » de Jean de Léry. Vous avez une quinzaine d’offres, à des prix divers, toujours un exemplaire du téléchargement en format epub proposé par fr.wikisource.org (on peut aussi lire en direct) de l’édition de Paul Gaffarel, 1880, y compris les déficiences de l’original. Les seules éditions de classiques qui valent la peine d’être achetées sont les compilations (oeuvres complètes de Molière, de Zola etc. ) réalisées par des professionnels comme Arvensa et Delphi, à partir des mêmes sources (coquilles comprises si on est un connaisseur), et vendues pour le prix d’une seule de ces productions d’amateurs abusifs.

  5. Le , Noémie a dit :

    C’est vrai que c’est fou. Je comptais m’acheter une nouvelle liseuse pour remplacer mon ancienne qui tient peu de charge et pour en avoir une avec des formats ouverts mais au final je trouve que ça ne vaut pas le coup vu que le prix des ebooks est le même et même souvent plus cher que celui des livres de poche. Donc j’attends qu’ils baissent.

Répondre à claude arquin Annuler la réponse

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.